Le Parti pirate allemand fait son entrée au Parlement berlinois
Pour la première fois de sa courte histoire le Parti pirate allemand, formé en 2006 suite à un mouvement initié en Scandinavie, va faire son entrée dans un parlement régional outre-rhin. Nouvelle expression d’un syndrome ouvertement diagnostiqué de « Ras-le-bol » politique (Politikvedrossenheit).
En Septembre 2004, le NPD (Nationaldemokratische Partei Deutschlands), parti nationaliste allemand, dont les thèses sont souvent comprises comme étant néonazies, avait récolté plus de 9% en Saxe, un Land de l’ex-RDA, gagnant ainsi le droit de siéger au parlement de la région. Ce succès électoral de l’extrême droite allemande avait permis aux observateurs de diagnostiquer une lassitude des électeurs allemands envers les partis traditionnels. Cette lassitude avait été fortement confirmée par la hausse importante des votes pour le FPD (Freie Demokratische Partei), le Parti libéral démocrate, lors des élections fédérales de 2009. D’habitude d’importance moyenne, bien que souvent décisif du fait du jeu des coalitions, ce parti, qui jouit d’une stature d’électron libre de la politique allemande, avait défié tous les pronostics en remportant 14,5% des voix, soit le meilleur score de son histoire.
Dimanche 18 Septembre, l’histoire s’est répétée d’une tout autre façon. D’abord, parce qu’il ne s’agit pas de la Saxe, mais de Berlin, et donc d’un environnement politique tout à fait différent. Ensuite parce que, cette fois, ce n’est pas un parti d’extrême droite qui a créé la surprise lors d’élections régionales, mais le Parti pirate berlinois qui, avec 8,9% des voix (alors qu’il n’était crédité que de 6,5% des votes dans les sondages) s’est offert quinze sièges au parlement de la capitale allemande. Surfant sur la vague libertaire du net, revigorée dès les prémices de la loi Hadopi, la formation a su séduire les jeunes berlinois, qui ont constitué la majorité de leur électorat.
Leur succès à l’avenir, et notamment leurs chances de siéger au Bundestag, le Parlement fédéral allemande, reste cependant plus qu’incertain, surtout du fait de leur manque d’expérience politique ainsi que de reconnaissance à l’échelle nationale.
Comme le rappelle l’AFP, leurs homologues suédois, bien qu’ayant remporté un vif succès aux élections pour le Parlement européen, n’ont récolté que 1% des voix lors des élections législatives en 2006 et 2010 …